Un fonds pour la transmission des PME
Un fonds pour la transmission des PME
Seules 10 % des entreprises familiales sont reprises par les héritiers.
Contrairement à l'Allemagne, la France a longtemps ignoré les entreprises familiales qui jouent pourtant un rôle important dans l'économie et la création d'emplois. Résultat, elles ont du mal à grandir. Elles sont fragiles avec une rentabilité inférieure de 20 à 30 % à celles des sociétés allemandes. Et leur avenir s'annonce difficile. La grande majorité des entrepreneurs français ont du mal à transmettre leur société à leur famille. Selon une étude KPMGréalisée en 2007, moins de 10 % des entreprises de plus de dix salariés sont reprises par la famille alors qu'elles sont 72 % en Italie, 58 % aux Pays-Bas et 55 % en Allemagne.
«Sur plus de 6 000 PME, entreprises de taille intermédiaire et grandes entreprises familiales cédées chaque année, moins de 600 devaient passer à la génération suivante contre plus de 4 000 en Italie et plus de 3 000 en Allemagne. Le phénomène ne peut, sur une longue période, qu'entraîner des conséquences durables sur la position concurrentielle de la France par rapport à ses voisins», explique Olivier Mellerio, président de Mellerio International, qui vient de remettre un rapport sur la transmission de l'entreprise familiale à Hervé Novelli, secrétaire d'État en charge des PME.
Ce dirigeant connaît bien le sujet puisqu'il est le représentant de la quinzième génération qui dirige le joaillier Mellerio. Soucieux de mettre fin à une exception française qui permet aux capitaux étrangers de s'emparer facilement d'un nombre important de sociétés, Olivier Mellerio propose plusieurs mesures financières et fiscales pour permettre aux PME de rester familiales tout en grandissant. Il recommande de créer un holding rassemblant des capitaux publics et privés afin de faciliter les transmissions tout en renforçant les fonds propres. «La transmission arrive en effet souvent au pire moment dans le cycle de l'entreprise. La santé financière n'est pas au rendez-vous», constate Olivier Mellerio.
Préparer le passage de témoin
Les fonds publics pourraient être apportés par Oseo, la Caisse des Dépôts et le Fonds stratégique d'investissement. Ils compléteraient des fonds privés versés par des entreprises familiales, des contribuables payant l'ISF qui utilisent les possibilités de la loi Tepa pour investir dans les PME. Ce holding, qui adopterait le statut de fondation, investirait dans des «PME familiales stratégiques pour la France». Leur nombre est estimé à quelques milliers.
Olivier Mellerio demande également de «supprimer l'ISF pour les actions de contrôle d'une entreprise familiale. La distinction entre les actionnaires familiaux qui exercent des fonctions de direction et les autres actionnaires familiaux introduit des effets pervers. Elle peut affaiblir l'entreprise lorsqu'elle motive des distributions de dividendes dans le seul but de permettre à des actionnaires non actifs dans l'entreprise de s'acquitter de l'ISF».
Il faut aussi accompagner les chefs d'entreprise pour leur permettre de préparer le passage de témoin. Car nombre d'entrepreneurs refusent d'aborder le sujet pour des raisons psychologiques. Ils craignent que leur départ n'entraîne une période difficile pour la société.